Retour sur l’atelier du 17 septembre
Le 17 septembre dernier, La Boussole a organisé un atelier sur les cultures autochtones, en amont de la Journée de la Vérité et de la Réconciliation. Cet atelier s’inscrit dans l’engagement continu de La Boussole à reconnaître les terres non cédées sur lesquelles elle opère et à sensibiliser la communauté francophone à l’histoire et l’héritage des peuples autochtones. La Journée de la Vérité et de la Réconciliation est une occasion de rappeler les traumatismes causés par le système des écoles résidentielles et de promouvoir une meilleure compréhension des réalités autochtones. Pour La Boussole, il était important de proposer une activité qui s’adresse spécifiquement à la communauté francophone, sur un sujet encore entouré de nombreux préjugés et d’ignorance.
L’atelier a été animé par Anjeanette Dawson, une facilitatrice autochtone de la Nation Squamish, reconnue pour son expertise sur les écoles résidentielles notamment. Son intervention en anglais, traduite par l’équipe de La Boussole, a permis à la quinzaine de personnes présentes (bénéficiaires de La Boussole et membres de la communauté francophone) de découvrir l’histoire des peuples autochtones et d’avoir un aperçu de leurs pratiques culturelles.
La mobilisation des personnes autour de cette thématique et le vif intérêt que l’atelier a suscité nous ont incité.es à effectuer un retour vers les participant.es pour recueillir les impressions et les idées émergentes. Les citations dans ce texte proviennent de cet échange avec 5 bénéficiaires de La Boussole, nouveaux arrivants originaires de pays d’immigration francophone.
Pré-contact : la période précoloniale
La première partie de l’atelier a plongé les participant.es dans l’histoire précoloniale de la région. Durant cette époque dite “pré-contact”, vivaient entre 15 000 et 20 000 personnes de la nation Squamish sur les terres autour de Vancouver. Anjeanette a partagé des photos d’époque recueillies au sein de la communauté autochtone ainsi que de sa collection personnelle, pour montrer à quoi ressemblaient les terres avant l’arrivée des Européens. Les participant.es ont découvert l’organisation matriarcale des sociétés autochtones ainsi que d’autres éléments de l’organisation sociale de la Nation Squamish. Même si l’atelier portait principalement sur la Nation Squamish, Anjeanette a aussi mentionné les nations Musqueam et Tsleil-Waututh, qui partagent ces territoires avec les Squamish, en évoquant également les relations entre ces peuples autochtones, parfois marquées de conflits.
© Anjeanette Dawson | https://www.indigeknow.net/
Les séquelles de la colonisation
La deuxième partie de l’atelier a abordé les impacts de la colonisation, en particulier à travers le système des écoles résidentielles. Anjeanette a présenté des faits et chiffres marquants, tout en partageant des photos et des témoignages personnels.
Ce moment a permis aux participant.es de se rendre compte de l’ampleur de la tragédie qui a touché les peuples autochtones et des traumatismes dont l’impact se fait toujours durement ressentir.
“Les autochtones ont connu beaucoup de souffrances. Ils ont eu leurs enfants arrachés par la force. Quand j’ai entendu cela, ça m’a beaucoup touché. Je ne connaissais pas cette histoire avant.” (B.)
Quelques questions ont ponctué cette partie théorique. Plusieurs participant.es se sont interrogé.es sur les correspondances entre l’histoire des peuples autochtones et leurs propres héritages, notamment sur le thème de l’assimilation.
“L’histoire de Vancouver par rapport à mon pays [RDC], c’est un peu similaire. Parce que les colons ont fait ici les mêmes choses qu’ils ont fait dans mon pays”. (Z.)
“L’impact de la colonisation, c’est qu’on nous a mis dans la tête que notre culture est une mauvaise culture. […] Moi, mes parents ont quitté le village il y a longtemps. Je suis né dans une ville où quand tu passes à l’école, tu oublies ta culture. À l’âge de 14 ou 15 ans je suis parti au village natal de mon père. Et là j’ai découvert la culture, j’ai découvert comment les gens vivent, comment les gens fonctionnent. C’est différent de ce que j’ai appris à l’école. Ce que j’ai appris c’est que notre culture est une mauvaise culture, il fallait s’en débarrasser.” (A.)
Ces commentaires de la part de A. résonnent avec ce qu’Anjeanette partageait sur les écoles résidentielles, dont le but était d’ “arracher l’Indien de l’enfant” (take the Indian out of the child) en les séparant de leurs parents, de leur culture, de leur langue.
Découverte du tissage traditionnel
La dernière partie de l’atelier a été consacrée à une activité pratique, soit une introduction au tissage traditionnel. Anjeanette a apporté des couvertures fabriquées selon des techniques qui lui ont été transmises. Les participant.es ont ainsi pu découvrir ce savoir-faire et s’essayer à cette technique traditionnelle.
“Ce genre de formation [permet de] conserver la culture. [Sans cela], en une ou deux générations, ça se perd”. (A.)
© Anjeanette Dawson | https://www.indigeknow.net/
Ce moment s’est conclu par une dégustation de mets traditionnels autochtones fournis par West Coast Bannock, qui ont ravivé des souvenirs pour certain.es participant.es et donné lieu à des comparaisons, certain.es observant des ressemblances avec des plats de leur propre culture.
Valoriser les cultures autochtones : un engagement de long terme
Bien que cet atelier ait été organisé à l’approche de la Journée de la Vérité et de la Réconciliation, La Boussole veille à mettre en lumière les cultures autochtones tout au long de l’année. En 2023, La Boussole avait par exemple proposé un atelier de danse métisse. De plus, La Boussole développe autant que faire se peut des partenariats avec des organisations ou entreprises autochtones telles que Salmon & Bannock, qui avait fourni le repas de Noël l’an dernier, et West Coast Bannock, qui a contribué à l’événement du 17 septembre. La Boussole entend bien poursuivre cette mission dans les années à venir.
Nous vous invitons à vous engager dans cette journée de commémoration en vous informant, en prenant part aux événements. Pour ce faire, voici quelques ressources éducatives sur la Journée de la Vérité et de la Réconciliation et plusieurs événements qui auront lieu le 30 septembre :
- National Centre for Truth and Reconciliation (site web)
- TRW 2024 Lunch & Learns: How Do We Address The Barriers To Reconciliation? (webinaire)
- Finding Your Voice: National Day for Truth and Reconciliation Workshop (atelier d’art)
- Cultural Perspectives Training Series: Building Local Relationships (webinaire)
- Britannia Friendship Walk and Gathering (rassemblement)
- UBC Intergenerational March to Commemorate Orange Shirt Day (marche)
- As You Like It Or the Land Acknowledgement Play (pièce de théâtre)